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Réflexions sur le travail 2/2

Au fil des siècles, les outils puis les machines de plus en plus sophistiquées ont avantageusement remplacé la force physique des bêtes et des hommes. Les premières ne sont plus élevées pour travailler (labour, labeur) mais pour leurs protéines (lait, œufs, viande). Quant aux seconds, leurs emplois sont passés du secteur primaire (agriculture et élevage) au secondaire (industrie) puis au tertiaire (services). Ils se sont réfugiés dans des rôles où leur corps était de moins en moins sollicité. Et pour éviter son atrophie on a même inventé le sport.

Et puis, plus récemment on a inventé les ordinateurs. Ces derniers sont capables d’automatiser des tâches intellectuelles. Commençons par la mémorisation (qui se souvient aujourd’hui de plus de 10 numéros de téléphone ?) puis les calculs (qui serait encore compétitif face à un ordinateur pour effectuer des calculs ?). Dépassé par la machine dans ces tâches simples, et s’en sentant à juste titre libéré, l’homme se concentre sur d’autres tâches plus complexes.

Dans un souci permanent d’améliorer l’efficacité, l’homme lui même invente des machines (algorithmes, apprentissage machine, intelligence artificielle) qui le rendent obsolète dans un nombre toujours croissant de tâches. On crée certes de nouveaux emplois, de plus en plus qualifiés, et donc de plus en plus chers. Mais évidemment on en crée beaucoup moins, pour une raison très simple : le but poursuivi, ne l’oublions pas, est d’améliorer l’efficacité, c’est à dire diminuer les coûts de production, afin d’être plus compétitif par rapport aux concurrents et plus rentable pour les actionnaires.

En somme, les machines libèrent progressivement l’homme de l’esclavage auquel il était, sous diverses formes, contraint depuis des temps immémoriaux (parole biblique). Autrement dit, les machines deviennent les nouveaux esclaves, au service de leurs propriétaires. Car on ne parle plus « d’employeur » quand il s’agit de machines. L’esclavage des humains avait pour seul inconvénient d’être éthiquement inacceptable. Mais quand il s’agit de machines, on n’a plus besoin d’être hypocrite.

Une image pour illustrer : imaginons des humains désargentés et chétifs largués au Mississipi du 18è siècle. Pas assez performants pour travailler efficacement dans les champs de coton, pas assez riches pour se payer eux mêmes des esclaves. Leur espérance de vie dans ces conditions est très limitée. C’est pourtant le monde que l’on nous prépare, alors mieux vaut s’y préparer.

Quid de la rémunération nous demandions nous plus tôt ? Elle est logiquement à chercher dans l’actionnariat (institutionnalisé ou non), et non plus dans le travail.

Quelques scénarios décrits dans le journal du CNRS.

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