Dans le précédent post, la raison qui me semblait pouvoir justifier la censure était la protection de la cohésion sociale. Est-ce le seul moyen ? Est-ce le meilleur ? La réponse est négative dans les deux cas.
Il y a une raison essentielle pour laquelle les appels à la haine ont eu tant de succès en Birmanie : la population n’y était pas habituée/éduquée à Internet. Et sans cette éducation à une nécessaire distanciation de l’information reçue, l’esprit est particulièrement vulnérable.
La censure, c’est une externalisation et une centralisation de notre discernement (cf Michel Serres sur l’externalisation). Elle le confie à un intermédiaire : un média social, une publication, un État. Se dispenser du travail de discernement est une manifestation de l’acédie, la fameuse paresse intellectuelle dont il est question dans les 7 péchés capitaux.
Censurer, c’est infantiliser la population, lui nier la qualité d’adulte, la croire incapable de ce discernement. C’est s’arroger le plus puissant des pouvoirs, celui de contrôler les esprits (cf Le Meilleur des Mondes). Privilégier la censure à l’éducation au sens critique permet à un gouvernement/système d’assurer sa pérennité quoiqu’il en coûte à la population.
Mais l’intérêt de la population n’est pas forcément de pérenniser le gouvernement/système.