La vérité souffre de deux inconvénients majeurs :
- elle est souvent complexe et demande des efforts pour être comprise, or peu ont la disponibilité intellectuelle pour s’y intéresser,
- bien souvent elle n’est en fin de compte pas bien spectaculaire, et y accéder n’offre pas de « plaisir » particulier.
L’attention est plus facilement captée par des informations spectaculaires qui n’ont pas besoin d’être importantes, pas même d’être vraies. De fait, dans un écosystème basé sur l’audience, tout a tendance à devenir du spectacle, de la mise en scène, du « story telling ». L’utilisateur moyen devient un spectateur paresseux qui attend d’être distrait, et de moins en moins un citoyen qui souhaite être informé.
Les études montrent d’ailleurs que les fausses nouvelles attirent plus l’attention que les vraies. C’est l’ère de la « post-vérité ». Ce n’est pas très éloigné de l’idée de « propagande », mais le contexte est sensiblement différent. L’impression d’impuissance « de toute façon on n’y peut rien changer » peut expliquer le désintérêt pour la vérité, et l’augmentation du niveau d’abstention aux élections.
Parvenir à attirer sur des sujets importants l’attention d’un public largement désengagé requiert d’autant plus de talent.