La liberté d’expression est un choix politique, et alors que j’en avais fait une valeur supérieure, quelques faits m’ont amené à hésiter. Vous souvenez-vous de l’histoire récente des Rohingyas en Birmanie ?
Un peu de contexte : le pays, très refermé pendant des décennies de pouvoir militaire, venait de s’ouvrir à internet. Parmi les premiers acteurs à investir ce nouveau territoire, Facebook, qui proposait notamment le zero-rating. Ainsi sponsorisé, son service a connu un succès foudroyant dans le pays.
Or dans ce drame, Facebook avait joué un rôle central, permettant à un moine bouddhiste nationaliste d’attiser une haine ethnique dans le pays, conduisant à des persécutions (euphémisme) et à l’exode de centaines de milliers de citoyens… non bouddhistes.
Facebook avait les moyens techniques de censurer ces appels à la haine et éviter le drame, mais sans doute par manque de modérateurs de langue Birmane, il avait failli à le faire. Ce manquement fait aujourd’hui l’objet de poursuites de la part de victimes Rohingyas.
Alors voilà le doute : la liberté d’expression absolue doit-elle être défendue ? Voilà pourquoi j’ai mis en pause le projet PeerStorage.
*Petit clin d’œil à Raymond Devos dans le titre de l’article.