Quand je parle de stockage décentralisé de données, mes interlocuteurs pensent inévitablement à la BlockChain, et c’est pourquoi je tiens à en parler ici.
La BlockChain est une technologie permettant de stocker un registre de façon décentralisée et très difficilement falsifiable. Ces caractéristiques sont intéressantes lorsque l’on cherche à se passer d’un tiers de confiance pour garantir des écritures.
Il devient notamment possible de conserver des livres de comptes sur lesquels on peut bâtir tout un système monétaire : chaque écriture débite un compte et en crédite un autre. Les cryptomonnaies ont ainsi constitué les premières applications de la BlockChain.
Mais cette technologie a un certain nombre d’inconvénients (que PeerStorage tente bien sûr d’éviter). Certains points sont plus ou moins corrigés par des BlockChain de « nouvelle génération », mais leur usage reste relativement marginal.
1. La pollution numérique
Les données s’accumulent indéfiniment dans une BlockChain. Elle est d’ailleurs faite pour ça : tout conserver, pour toujours. Même si cela devient inutile. Cet amoncellement de données est une forme de pollution numérique, et quand on parle d’éternité, il faut bien comprendre qu’un jour, il y en aura trop.
Pour mémoire au 18è siècle, la machine à vapeur fut accueillie avec enthousiasme tellement elle permettait d’innovations, de hausse des rendements, d’accélération des voyages. Personne ne se souciait de l’épuisement du charbon, et certainement moins encore de l’émission de CO2 dans l’atmosphère.
De ce point de vue, PeerStorage est à la BlockChain ce que l’énergie solaire est au charbon : une forme de stockage renouvelable. Malheureusement, l’histoire a montré que trop souvent la recherche des bénéfices à court terme a raison des préoccupations à long terme. Et il faut le reconnaître, la BlockChain permet elle aussi un certain nombre d’innovations.
2. La consommation énergétique
La confiance dans la BlockChain vient de ce qu’un nombre important d’acteurs que l’on nomme des « mineurs » (tiens tiens !) indépendants maintiennent un historique commun. Il n’est possible de le falsifier que si une majorité de mineurs font collusion pour réécrire un passé alternatif. Afin d’éviter cette collusion, il faut que chaque mineur supporte un coût, et la solution la plus répandue est de lui faire supporter un coût énergétique : en pratique effectuer des calculs cryptographiques dont la seule utilité est précisément de consommer de l’énergie. Pour cet effort, l’ensemble des mineurs reçoit en récompense un montant en cryptomonnaie à se répartir entre eux tous. Tant que ce dividende au cours de cette cryptomonnaie couvre le coût énergétique, il y aura de plus en plus de mineurs, donc de plus en plus d’énergie consommée.
Un ordre de grandeur : à ce jour, la consommation électrique dédiée au minage du seul BitCoin est de l’ordre de celle du Luxembourg.
Autre conséquence de la consommation énergétique et de l’impératif de rentabilité des mineurs : les capacités de minage se concentrent là où le prix de l’électricité est le plus bas. Or ces concentrations représentent un danger dans la mesure où les mineurs finissent par se connaître et où le risque de collusion devient bien réel. Cependant, même si la collusion et donc la falsification deviennent possibles, les mineurs ont intérêt à ce que la cryptomonnaie qu’ils maintiennent (et dans laquelle ils sont payés) garde un cours élevé, et ce cours dépend justement de la confiance. Alors disons que s’ils trichent, cela doit rester assez discret pour passer inaperçu.