L’esclavage, c’est quand on est obligé de travailler pour vivre. Ainsi défini, et sauf à être rentier, les êtes humains sont donc pour la plupart des esclaves. Le maître en est l’argent et, collectivement, ceux qui le distribuent. Car pour réduire les hommes à l’esclavage, il a fallu les rendre dépendants à l’argent (tout s’achète et se vend, rien n’est gratuit, oublier l’empathie et la solidarité), et s’assurer que l’on en était l’unique fournisseur (monopole des seigneurs puis des banques centrales).
En France, certaines avancées sociales des dernières décennies ont permis aux esclaves d’être assez bien traités : du temps libre pour tout le monde, 35h de travail hebdomadaire, 5 semaines de congés payés annuels et une solidarité institutionnalisée (chômage, maladie, retraite). Ces bonnes conditions ont un coût et ailleurs on en fait l’économie. Le libre échange opérant le nivellement par les prix, la mondialisation se fera au détriment des conditions de travail.
Ce qui est préoccupant, c’est que l’on a fini par s’attacher de façon très irrationnelle à notre propre esclavage. Il n’y a qu’à voir le consensus populaire reflété dans les discours politiques : le chômage est un fléau qu’il faut combattre. Ne pas avoir d’emploi inspire au mieux de la compassion, au pire du mépris. Sommes-nous tous victimes du syndrome de Stockholm ?
Et si on changeait d’angle de vue ? Considérons un instant que le travail soit un fléau (conformément à son étymologie latine de trepalium), et que par conséquent le chômage soit synonyme de libération.
Quid de la rémunération ? Là encore nous sommes victimes de l’amalgame bien entretenu depuis la nuit des temps qu’il faut travailler pour vivre. Mais à l’heure où la valeur du travail décroît, et celle du capital augmente, cet amalgame mériterait d’être questionné… dans un prochain article.