Parfois je me demande si l’humanité n’a pas crée, par l’économie et la finance, son propre golem.
Cela fait des siècles que les entreprises sont devenues des personnes morales. À ce titre elles ont des intérêts et des droits, qui s’opposent bien souvent à ceux des personnes physiques, c’est à dire des citoyens. De plus leur durée de vie n’est pas limitée, ce qui est un avantage immense sur toute personne physique.
Plus une entreprise est importante, plus elle devient indépendante des humains qui sont censés la diriger, et plus elle agit dans son propre intérêt. Or l’intérêt d’une entreprise peut se résumer à un seul mot : le profit. Tout le reste n’est que moyen. Et faute de morale, puisque la morale est une valeur humaine, tous les moyens sont bons.
Le pouvoir des grands groupes sur les États n’est plus à démontrer. Lobbying institutionnel, chantage à la délocalisation dans un marché mondialisé, noyautage du pouvoir (revolving door) etc. Le résultat se mesure dans les discours politiques qui se teintent de notions comme « compétitivité », « attractivité », « performance », « efficacité », sans oublier le principal : la « croissance ». C’est à se demander où est passé l’humain, le citoyen que l’État est censé représenter.
J’ai quelque temps nourri l’espoir que la macro-économie viendrait à la rescousse pour une raison simple : pour que l’économie vive, il lui faut des consommateurs, donc il est nécessaire de redistribuer un minimum de richesses afin que les humains vivent.
Il semble que j’avais tort, car des contre exemples notoires montrent que sans régulation le marché se concentre uniquement sur ceux qui ont les moyens de consommer. Aux abords des magasins de luxe, ceux qui ne produisent ni ne consomment meurent faute d’avoir aucun intérêt pour l’économie.
Dans l’histoire, l’humanité a été périodiquement décimée par divers fléaux : guerres mondiales, épidémies, famines. Ces dernières décennies ont, malgré les conflits locaux, vu diminuer la mortalité dans le monde. À l’heure où certains craignent une surpopulation planétaire annoncée, je me demande si l’économie et la finance ne sont pas le prochain fléau qui viendra décimer les milliards de plus faibles.
À moins que l’humanité ne trouve un remède à temps.
Dans la mesure où les données personnelles sont en train de devenir un enjeu économique majeur (big data), où en quelques années des entreprises sont devenues des géants mondiaux en les exploitant, permettre grâce à PeerStorage le développement de services alternatifs « libres » pourrait participer à ce remède.